Ferme Nomade

Création de spectacles vivants pour lieux agricoles

Marché de Wissant

Lis-Terre-Air #5

Par Marie Pons

pull jaune, pantalon jaune, nuages noirs
lire, découper le morceau
écrire, augmenter le récit
augmenter Giono avec les propres mots des gens croisés sur le marché de Wissant, les glisser sur papier libre entre les pages arrachées

passer en jaune fluo les mots lus à haute voix
se faufiler entre les gouttes
lire Giono entre deux morceaux de fromage

79% humidité
64% nébulosité
on va bien voir.

Arrivée au marché, on boit un jus pour regarder un peu le passage sur la place.
On toque à la grande porte blanche de la Mairie qui fait comme un phare et Alexia nous accueille, on lui demande si elle veut un bout de Giono.

On parle de mettre d’autres choses que le travail au cœur de la vie.

p.113 « Ne travaillez plus pour vendre, travaillez pour vivre, le nécessaire de cette vie produisez le.”

Kway jaune et kway vert, on va devant le stand d’Arnaud et ses fromages de chèvres. Traite, transformation du lait, fabrication des fromages tous les jours, vente sur les marchés en duo avec Sabine sa compagne.

p.25 « Le travail de la terre est notre vie (…) nous ne faisons pas un métier, nous faisons notre vie. »

La lecture de Giono l’amène à parler d’avant et maintenant, la rudesse et le confort, les machines, arriver à partir un peu en vacances à tour de rôle. Le fromage n’est finalement pas emballé dans les pages de Giono découpées.

Avec Julien devant ses légumes colorés on parle de la culture des fraises dans nos différents pays, il arrête pas de perdre la page qu’il commence à lire mais chaque fois qu’il grappille un bout entre deux clients il hausse les sourcils et quelque chose traverse.

p.86 « Le but de l’état moderne n’est pas de donner la joie, la joie libère, et il a besoin de contrôler constamment l’existence des hommes. »

Armelle dit ça date de 1938, avant la guerre, ce texte, Julien dit ça rappelle quelque chose.

Devant les yaourts à la reine des près, on lit pour la file d’attente et la fromagère un passage sur ce que veut dire donner et prendre avec discrétion.

Donner et prendre, au fil des pages de Giono que l’on laisse aller sur le marché, on ajoute les bouts de conversations.

‘Mon mari ne tient plus bien l’équilibre mais ça vous intéresserait, il faisait partie d’un groupe de danses folkloriques polonaises avant. On va prendre du muscat, c’est pas le raisin italien sans pépins qu’ils fabriquent maintenant.’

p.50 “dès qu’on change quelque chose dans cette liaison directe terre corps on détruit le paysan.”
cf photo p.51

Le monsieur qui vend les fraises remontantes, les prunes et les confitures ouvre les paumes de mains devant la lecture et dit oui d’accord mais sans argent on peut pas, être paysan.

Au stand de l’épicerie japonaise on achète les produits bretons, la bonite séchée de Concarneau et les sauces vinaigrées au shiso.

p.112 « Ce qui vaut c’est la vie »

Dans l’aléatoire des pages que l’on lit à voix haute et que l’on arrache pour laisser aux producteur.ices et aux client.e.s sur ce marché il est beaucoup question d’argent qui ne vaut rien mais fait tourner tout. On regarde les pièces de monnaie dans nos mains que l’on tend en échange des fruits et des fromages pour le repas du soir.


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

fr_FRFrench