Jardins d’Eugenie

Lis-terre-air #10

21 septembre, 15h

Par Camille et Armelle

C: La ficelle bleue sous les serres.

A: Mon matériel agri-culturel préféré…

C: Quand tu t’es mariée ta traîne c’était du p17 ?! (P17=voile blanc de maraîchage pour protéger plantes du froid)

À: Quand je me suis mariée avec la terre, oui.

C: Je crois qu’ils ont préparé un banquet. Tous les légumes viennent d’un rayon de moins de 100m. Ça c’est du circuit court.

A : Ça fait dix ateliers de lis-terre-air et dix repas délicieux de gagnés.

C: On mange à 40 dans une serre véranda entre aloe vera, pieds de vignes et œillets d’Inde oranges.

A: Tu veux goûter les fenouils par la fleur ?

C: Ça a un gout de réglisse…

A: Attends je vais chercher l’échelle pour aller ouvrir les fenêtres.

C: On marche au dessus du vide en s’appuyant sur les poutres de la pergola. Puis Armelle lance la lecture de Giono par la fenêtre.

A: Je suis en haut, mes pieds dans le vide.

C : On fait descendre Giono du ciel. Oréli distribue les autres livres.

A: On redescends les pieds sur terre dans un studieux silence.

C: Du banquet de mets nous passons au banquet de mots.

A: Bon allez on se lance des phrases? Je vais donner l’exemple.

Tous les genres et générations échangent des livres en marchant. On se chuchote, déclame, conte des extraits. Les mots fusent du bar au canapé, de la terrasse aux tables débarrassées. Du manuel d’agronomie au champs d’insurrection des paysannes, de Claude Ponti au remembrement. Même le silence est chorale.

Le menu du dessert s’écrit au pocka sur des cartons de jus de pommes découpées. Ça écrit seule ou a plusieurs des slogans de révolte de la terre. L’humus pour les humains. …

Le cortège du retour à la terre se met en marche vers la vallée. Une manifestation d’humains se faufile entre serres et poiriers. La ficelle bleue comme fil d’Ariane nous mène aux oignons qui sèchent entre les bouquins. Gabriela tire et imprime les portraits des personnes avec leurs livres à lire. Le soleil apparaît enfin.