Ferme Nomade

Création de spectacles vivants pour lieux agricoles

Romuald Botte

Cette année j’ai choisi d’être en stage chez Romuald Botte. 

Je parle de choix car même si c’est une obligation en B:P)REA de faire un stage tous les mercredis, cet été j’ai pris le temps d’aller voir plusieurs maraichers afin de pouvoir décider de ce qui conviendrait le mieux à là où j’en étais de mon apprentissage. 

Je cherchais d’abord un endroit où je me sentais suffisamment à l’aise pour poser des questions et échanger. Moi qui aime beaucoup parler et apprendre des histoires, je me voyais mal chez quelqu’un qui a surtout besoin de silence…

Puis je cherchais quelqu’un qui réussissait à se dégager suffisamment de temps pour prendre des vacances et ne pas travailler 80 heures par semaine. Car même s’il faut de la passion pour réussir  ce métier, je souhaitais m’inspirer d’un système qui me permettrait aussi de libérer du temps.

Finalement je voulais me perfectionner dans les techniques maraîchères. J’avais atteint ma limite à improviser. Moi qui ai toujours vécu du système Débrouille, je sentais qu’il était temps pour une nouvelle étape dans ma manière d’apprendre. 

Mon envie d’acquérir des outils pour créer un bel endroit me faisait réaliser que j’avais envie de découvrir ma place dans le monde du vivant. Il est étrange de parler de maitrise dans un système aussi complexe que l’agriculture. C’est impossible de dire que l’humain est seul responsable dans la culture des légumes. J’étais consciente qu’il n’y avait pas une technique universelle mais plutôt une multitude de techniques différentes qui devaient s’adapter à l’endroit où l’on était et de ce qu’on voulait y faire. Consciente que je ne pourrais pas apprendre des techniques transposables d’un lieu à un autre. Mais j’avais envie de rencontrer quelqu’un qui puisse donner des réponses techniques à des problèmes spécifiques pour faciliter ma propre réflexion et apprendre d’un système qui fonctionne. 

Quand je suis arrivée à l’AMAP des Weppes cet été, on a commencé par déjeuner. Les enfants de Romuald mangeaient avec nous. Les discussions sur l’éducation côtoyaient l’envie de créer un projet inspiré de nos besoins d’humain et de famille. Romuald a tout de suite partagé avec beaucoup de générosité ses convictions. Il m’a expliqué qu’il essaie toujours de gérer les problèmes avant qu’ils deviennent pénibles. Qu’il se sentait capable de changer de métier s’il n’y avait plus de plaisir. Il m’a raconté qu’il avait une liste pour les jours de grande fatigue. Que quand il commence sa journée à faire des petits accidents, il s’arrête avant d’en faire de plus gros et qu’il choisit ce qui lui donne envie sur sa liste de petits travaux. Au début de son activité, il pouvait s’acharner et faire de grosses bêtises qui lui faisaient passer de mauvaises journées et qui prenaient plus de temps à réparer…

À partir de cette rencontre, le choix de venir chez Romuald n’a pas été difficile et tous les mercredis, je remplis mon cahier noir avec un crayon papier de sa manière de tenir 1 hectare 2 avec ses poules et ses rotations, ses serres et ses fruitiers, ses planches permanentes et son matériel agricole. C’est drôle que j’ai choisi de venir chez quelqu’un qui se facilite autant le travail avec des instruments mécanisés adaptés pour rendre le travail plus simple tout en respectant si consciemment le sol. J’aurais jamais imaginé qu’un jour j’aurais envie d’apprendre à souder et que couler le béton à 15 peut être tellement joyeux surtout quand une pomme tombe sur le coté pour y laisser sa marque. Je suis impressionnée par la précision dont Romuald se saisit de tous les différents ateliers et comment il perfectionne son outil qui est sa ferme avec tant de curiosité et de bienveillance envers lui même et ses Amapiens qui le soutiennent en retour d’une manière peu connue.

Le mercredi chez Romuald commence souvent avec une tisane et se remplit d’échanges et de désherbage, de préparation du sol et d’apprentissages sur la commercialisation et la comptabilité. Le mercredi c’est mon jour préféré et cette semaine c’était mercredi tous les jours car j’étais en stage chez Romuald tous les jours. 

Romuald est comme un couteau suisse qui sait autant s’intéresser à la longueur d’une racine de carotte qu’à la manière dont on peut monter une poutre de hangar à deux ou comment le libre arbitre nous permet de semer de l’engrais vert sur les parcelles vides et élever des poussins comme des boules de tendresse têtues qui iront taquiner la multitude de vers présents sur son hectare pour mieux nourrir les légumes par la suite. 


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